L'objectif défini avant la course était :
- faire un vélo avec une dent de trop sans penser à la suite
- finir à pied à allure IM rêvée ou plus vite.
- tester un nouveau protocole alimentaire avant et pendant
- valider de nouveaux réglages vélos pour Barcelone
- tester quelques éléments matériels
- reprendre confiance pour aborder l'automne sereinement
250 partants. Météo idéale pour le tri (environ 20°, soleil et nuage) et les rouleurs (de plus en plus de vent au fil de la journée).
Un peu plus de 2400m de natation :
Départ aux côtés de Jérémie Py et Guillaume Barreau dans une ambiance très détendue. Aucun coup et rapidement je suis dans les jambes de Jérémie. Je suis encore sur le rythme Narbonne et il me manque le petit peps et une deuxième séance/semaine estivale pour tenir l'allure supérieure. Je ne cherche pas plus que cela à m'accrocher et nage donc seul pendant plus d'un tour avant de me faire chatouiller les pieds puis de prendre les jambes d'un nageur pour les 300 derniers mètres.
Transition un peu lente, pour bien m'assurer de mettre tout mon matos dans le sac de transfert et pour enfiler ma montre.
On m'annonce à 3'30 de la tête et 6 ou 7è juste devant Guigui.
34'37 (6è temps) en nata.
Départ prudent à vélo. Je laisse le temps au Biogel de "descendre" et au bout de 6km, je me fais passer par un duo (Dailliez et Sesboué). Les deux ne sont pas roues dans roues mais assez proches et j'entends l'arbitre leur demander de se séparer. Je les vois poursuivre leur effort commun et 2km plus loin, l'un des deux se prend un noir. Je suis désormais 8è mais virtuellement 7è car noir = 4' de penalty box.
Je remonte un Benjy puis Arnaud Cinturel dans la bosse qui m'encourage gentiment comme d'habitude. On m'annonce toujours à 3'30. Biennn ! Je décide d'accélérer au sommet de la bosse mais la descente se fait plein vent de 3/4 face et c'est un peu dur de rester sur la route avec ma roue avant. J'enclenche la vitesse supérieure en bas de la côte et continue de passer devant les rond-points / carrefours où je reconnais 90% des personnes (Jeff, Michel, Hervé, Bobby, Pierre, Gary, Major Jeannin, Simone, Sophie, Popol, Patron Charly, Pierrette, etc...), ça fait plaisir et ça occupe bien le temps de faire des petits coucous.
Fin du 1er tour, je suis à pile 39km/h de moyenne mais le vent se lève. Vincent Leloup m'informe que je suis dans le bon tempo. Je commence à voir Jérémie Py (un peu plus tôt qu'en 2007 sur cette course mais plus tard que sur les autres courses en 2010) et Dailliez un peu derrière. Je reviens à 50m du duo au km 35. A la faveur d'un îlot, pris par la gauche au 1er passage selon l'injonction du bénévole et sur lequel l'arbitre nous demande de faire demi-tour sur ce second passage, je me retrouve à gagner ces 50m et repars donc juste à côté d'eux. Pas cool même si je n'y suis pour rien. Je ne relâche pas mon effort et passe le pont en force. Le vent se lève et je fais le forcing. 49km/h sur le plat (vent de dos évidemment) de la réserve ornithologique, c'est très agréable.
2è montée de St-Pierre, on m'annonce à 3'26 de la tête (merci Arnaud et Fabien) et Magali m'encourage avec la tribu, motivant, je maintiens l'écart avec la tête et dois désormais être 3è.
Je finis les 25 derniers km sans personne devant ni derrière (même si on m'informe que Merciris roule plus vite derrière - pas un scoop lol-), un peu à sec sur la fin du vélo mais confiant. Dernière bosse, je m'arrache un peu, Kéké, Emeline, Patrick, Céline, Fabrice and co
sont toujours à fond derrière, ça fait plaisir et je me dis que j'ai vraiment de la chance d'être ainsi supporté. Autant l'avant course est plus relax quand tu ne connais personne à qui dire bonjour, de qui prendre des nouvelles, etc... autant en course, c'est un réel plus d'avoir ce soutien et de voir ses visages familiers qui te transmettent leur énergie.
Après avoir doublé Hervé le rookie qui finit son 2è tour vélo (et une Pasta Tinto de gagnée ;-)), la remontée vers le stade vent pleine face est un enfer et j'entre à T2 avec la surprise de ne voir qu'un vélo (celui de Thomas Leboucher dossard 2) à côté du mien (dossard 1 : merci Marie pour ce cadeau que j'ai cru empoisonné et surtout immérité pendant 4h07').
Vélo : 2h05'10 (3è temps, loin derrière Fabien Merciris 2'30 plus rapide mais avec Thomas 2" plus rapide).
A pied, je pars en ne pensant qu'à une seule chose : aisance et légèreté. Je me répète cela pendant 2 kilomètres. Je ne me retourne pas, je veux juste être léger et heureux de courir malgré les jambes dures. Je varie les foulées pour choisir la plus confortable. Devant c'est trop loin et je ne veux pas penser à la place avant le km10.
Km7, Fabien m'annonce 2'20 de Thomas, j'en reviens pas !!! J'évacue l'idée de le rattraper pensant qu'il gère son matelas d'avance avec le reste d'énergie après son Ch'triman (2è au scratch pour son premier IM). Km 8, enfin le 3è ravito ... et des escaliers (mes adducteurs hurlent). Du haut de la passerelle, je me retourne pour voir qui me poursuit, m'imaginant que ce serait Jérémie Py. Et non, c'est Fabien Merciris. Je lui crie "même pas en rêve Fabien, jamais, t'entends jamais, tu reviendras". 2km plus loin, quelqu'un dans mon dos me fait "coucou, comment ça va ?" - "Ah, salut Fabien, comment tu vas ?". Qu'est-ce qu'on se marre, non ?
Nous sommes donc tous les 2 à partir du km 10,5 et discutons un peu pour nous motiver et faire saliver nos gorges sèches. Je lui dis que nous reprenons Thomas. Il ne veut pas y croire. Je lui dis "mais si regarde il est devant là à 100m, je sais c'est difficile à croire car on devine quand même le soleil au loin derrière les vastes externes du gars mais c'est bien lui". Effectivement, il est dans le dur, sévère et doit courir à 12-13km/h. Je suis régulier autour de 14,5-15km/h ce qui donne 14,5 avec les pauses ravitos, à ne pas rater comme les marches des escaliers.
Km 12,5. Je passe donc en tête !!! Amazing, c'est ti pas beautiful ? me crierait NPA !. Fabien est toujours dans mon dos et on s'encourage pour garder le rythme. Forcément je commence à me projeter vers l'avant (euh, comment on va se départager, quelle tactique, sauter un ravito ou pas, les escaliers 1 par 1 ou 3 par 3 lol etc...) sans oublier l'arrière. Quid de Houzelle que j'avais croisé avant le départ et qui abordait l'épreuve avec beaucoup de détachements, quid de Py qui doivent cavaler derrière ? Je repousse ces réflexions stériles faute de réponses et au km 14, vent de face, Fabien qui court toujours derrière me dit de ne pas m'inquiéter qu'il ne me disputera le sprint si l'on reste ensemble. Mes adducteurs le remercient vivement de leur ôter cette perspective d'un effort violent final. Je crains de me démobiliser ou de voir mon énergie fuir à la perspective de plus en plus palpable (on nous annonce 2' d'avance sur le 3è qui n'est plus Thomas) de remporter ce triathlon Longue Distance si cher à mon coeur. Olivier Médard me hurle dessus en passant quasi sous ses fenêtres, ça fait du bien.
Km 17, je me sens vraiment très bien à nouveau et retrouve de la fréquence. Fabien semble peiner un peu et me dit qu'on se quittera aux escaliers et qu'il finira avec ses enfants. Dernier ravito, Catherine, Nanye et Stéphanie m'encouragent, ça fait vraiment du bien. Dernière montée de la passerelle, Jean-Michel me crie "allez Thomas !!!" (- la consécration en quelque sorte ;-). Dernière montée vers le stade, Antony me dit de profiter et enfin, l'entrée dans le stade. Celui où j'ai tant souffert avec le Bachelor.
Je ne peux partager avec mes chéris et je tape dans les mains d'Emile et de Nathan (qui attendent leurs épatants papas rookies sur la distance) comme si c'était Timo et Héloïse.
Dernière ligne droite, l'émotion est vraiment intense et je suis tellement soulagé de faire quelque chose de propre dans la continuité de notre course narbonnaise après 15 mois sportivement difficiles même si j'en connaissais une grosse partie de l'explication.
Petite crampe aux adducteurs sitôt la ligne franchie !
1h26'53 (5è temps à pied)
Longs sanglots de peur et de stress à évacuer, qui me font rater l'arrivée de Fabien Merciris que je voulais vraiment remercier pour sa sportivité. Respect ! J'espère que cette fin gérée lui permettra d'avoir conservé un max d'énergie pour un sub9 Barcelonais qu'il mérite tant.
L'accolade avec les amis, Eric l'organisateur, Marie, Jacques Lecerf, bref tout le monde qui partage ma surprise et mon bonheur.
Etant données les circonstances (fatigue de Thomas, jour sans de Jérémie, Fabien en préparation, etc...), je n'ai pas du tout la fierté du gros chat qui vient de mater tout le monde mais simplement le bonheur de la petite souris qui s'est faufilée dans le petit trou qu'elle n'entrevoyait pas le matin-même.
Merci à ceux à qui je dois tant, ils se reconnaîtront. |