280 partants, championnat de Poitou-Charentes, 20 à 26°c, vent se levant à partir de 12h, soleil et nuage => le top !
Départ pour un peu plus de 3000m avec courant favorable.
Je prends un très bon départ pour mon niveau et rapidement les positions se décantent. Au bout de 500m, 2 gars sont déjà un gros 50m devant mais je ne suis pas très loin en étant assez facile. Je m'applique bien techniquement et reviens à la glisse sur le leader d'un groupe de 7-8. Au gré des méandres de la Charente, je choisis soit l'option virage à l'intérieur soit l'option, je reste avec le groupe. 1 coup, je perds et dois faire l'effort pour recoller, l'autre je gagne et me retrouve à mener le groupe jusqu'au virage suivant.
Je vois deux Metall Cell bleues et me prends à rêver qu'au moins 1 d'entre elle contienne à l'intérieur, Jérémie Py, deuxième l'an passé et en très grande forme cette année. Au bout de 2000m, j'accélère un peu et oui, bonnet 1, c'est bien lui. Coool, c'est bien parti. Je remets des jambes comme d'habitude un peu avant la transition et zou, sortie d'eau en 35'.
Je dois être aux environs de la 10è place. Moi qui ai l'habitude de diviser ma place nata par 3 à 5 à l'arrivée sur les dernières années, je sens que ça va être tendu même si les conditions de début 2010 m'ont ôté de toute façon toute vélléité de repères avec les saisons précédentes.
Transition un peu ratée et je pars avec Jérémie en ligne de mire à un gros 200m devant.
Je remonte doucement et au km5, je le dépasse. Le parcours est très accidenté et le revêtement très granuleux, tout ce que je déteste mais finalement, j'essaie de ne pas y penser et de profiter de la belle journée. Dans la première bosse, Jérémie me repasse, dans le faux plat descendant suivant je le repasse et nous fonctionnerons ainsi pendant 3 tours au gré de nos points forts et stratégies d'investissement respectifs. Quel plaisir d'avoir un gars réglo non seulement dans la distance de poursuite mais qui n'hésite pas non plus à passer devant si le rythme baisse, ne se contentant pas d'un marquage stratégique. Vraiment le bonheur !
Dans la première descente, je prends pas mal de vitesse en position aéro mais ça vibre beaucoup et je quitte la position aéro, 1 main sur le frein (Héloïse), 1 main sur l'autre frein (Timo), au 3è enfant, je fais installer un parachute ;-)
Fin du premier tour, Stéphane Marsaudon nous annonce 3è et 4è. Je suis surpris car nous avons doublé peu de monde mais bon, ça a l'air d'être ça et devant, nous revenons doucement sur un gars en noir, blanc, rouge. Au km30, les gyrophares de la voiture de tête me confirment que nous sommes bien 3è et 4è puisque le gars en question (Pierre Gaspariau probablement) en a rattrapé un autre (Fanous). La connaissance du parcours aidant, je prends un peu plus de risques sur les virages et descentes et Jérémie est plus souvent à 50m que 15m désormais mais il fait l'effort dans les bosses et revient souvent à ma hauteur voire me double. Au loin, le 1er et le 2è semblent bien proches et l'écart ne se réduit plus. Grrrr...
Confirmation de l'impression visuelle puisqu'au km45 je double Lawrence Fanous (à qui nous avons repris donc 2' en 40km) et surprise 5' plus tard, il est collé à ma roue. Je fais une vague pour rouler à gauche de la route et il se décale. Jérémie grommelle et moi je tords la "gamelle" en lui faisant une tête de Gargamel. Qui des watts ou du sermon ? mais il finit par lâcher au bout d'environ 5km.
Nous sommes donc 2 et 3è et je creuse un peu l'écart avec Jérémie, lui devant probablement pondérer un peu avant la càp où il devra résister à ceux qui sont à nos trousses tandis que moi, n'ayant pas d'ambition ni actuellement de capacité de vitesse pédestre, je n'ai aucun intérêt à m'économiser. Je prends donc une 100aine de mètres d'avance hélas annihilés par un déraillement au début d'une descente. Jérémie passe et s'éloigne. La chaîne accepte enfin de revenir sur le grand plateau et je le rattrape au bout de 5km à l'amorce du début du 4è tour. Je regarde un peu les stats sur le compteur (wattage pas terrible, comparable à mes valeurs IM de l'année passée, mais par rapport aux chronos de l'année passée, je tablais de toute façon sur un 2h07 environ) et sens que je suis bien parti pour un 2h04 si je ne redéraille pas. Le 4è tour se passe bien et je dois juste me préparer à monter la portion la plus pentue sur le 55, finalement ça ne passe pas si mal et je peux foncer vers l'arrivée, avec quelques débuts de crampe. Je suis très surpris de ne pas avoir été doublé par la star locale, El Trévor Del Saut ou bien Fabrice Houzelle ou encore les copains du TCT (Bruno Mercier et évidemment mon chouchou, Fred Durand) mais je pense à des crevaisons ou souci de ce genre.
Au final, 2h03 à vélo pour un peu moins de 79km réels (82,6 annoncés) et 880m de dénivelés positifs.
Je rentre donc dans le parc 2è au moment où Pierre Gaspariau en est déjà sorti depuis 30 secondes.
Transition prudente, contrairement à l'habitude sur HIM, je prends le temps de mettre des chaussettes. En raison de ma contracture au mollet, la semaine passée, j'avais préparé plusieurs options : manchons de compression ou non, chaussures dynamiques ou confortables. Je coupe la poire en deux avec chaussures amortissantes et pas de manchons.
Je pars sans trop de repères si ce n'est les souffrances de la semaine passée. Je n'ai qu'une idée en tête : me faire plaisir (un vrai joueur de foot de l'Equipe de France lol). Cela passe par une course maîtrisée et progressive en l'absence d'ambitions de scoring. Je ne me suis pas préparé mentalement à "faire" la course et je prends bien conscience de l'extrême importance de cet aspect même si en l'occurence, cela n'aurait pas changé grand chose au résultat mais probablement au scenario. Bref, je cours aussi techniquement que possible avec un gros effort pour positiver toutes les informations négatives (la température monte => nickel, je travaille pour Busselton / je ne peux allonger la foulée à cause du mollet => nickel, je travaille la fréquence / euh 4'15/km c'est pas Gebré => oui bien-sûr mais si tu retires 3"/kg superflu/km c'est pas si mal... bref c'est du Candide de Voltaire dopé au coca de l'orga, ;-)).
Devant, Jérémie s'est aussitôt envolé et Trévor est lancé à sa poursuite, il me double vers le km2 et la côte me fait bien mal au mollet mais je prends mon temps. Km4, nous pouvons juger des écarts, je viens de croiser Gaspariau en tête à qui je fais un signe d'encouragement et j'attends impatiemment le demi-tour pour savoir combien de gazelles vont me croquer. Surprise, il n'y a pas grand grand monde et ça ne court pas à une vitesse trop supérieure à la moyenne. Grosse surprise, pas de Fred, pas de Bruno, pas de Fabrice à l'horizon !!! Impensable. Seul Fanous semble parti sur des bases élevées et ne devrait pas tarder à me dépasser. Je continue à ne pas me préoccuper de la place et à profiter de la journée. Les ravitos sont parfaits et j'aborde la fin du premier tour sans trop souffrir. Une petite tape dans la main de l'ami Raph et je cours à l'économie maximale. Début du 2è tour, toujours un peu délicat, je pense à plein de choses, "mes" athlètes, mes conseils que je me dois d'appliquer à mon tour, à mon copain NPA en course aussi, au Bachelor qui doit avoir fini son marathon caennais, à quelques chambrages à mon intention qui ne m'ont pas trop plu, etc...
Je passe en 42'30 au 10km, pas de quoi grimper aux arbres mais ayant couru 42'50 sur un CD plat et bitumé pour ma reprise, je suis tout heureux de passer plus vite sur un B sur un parcours accidenté et pas spécialement rapide. Bientôt le demi-tour et je vois que Jérémie Py est passé en tête et que Delsaut n'arrive pas à le reprendre. Comme Cyril, Py latte la concurrence (jeu de mots pour Guigui).
J'ai repris un peu de temps à Gaspariau qui m'encourage à son tort, super sympa.
A mon tour de voir ce qui se passe derrière et tjrs pas de Fred et Bruno, ça m'inquiète un peu ! Par contre, Fabrice Houzelle est bien revenu et connaissant son entraînement actuel, je ne me fais pas trop d'illusions même si son détachement professionnel total pour l'entraînement semble l'affecter moralement. Je prends quand même l'écart au cas où. J'ai environ 3' d'avance.
J'essaie de passer dans un mode plus actif et compétitif et tente d'accélérer un peu ou a minima d'augmenter l'investissement pour ne pas ralentir avec la fatigue. La chaleur est bien présente et les éponges font un bien fou. Fin du 2è tour, Raph me rappelle l'une des consignes que je m'étais fixée : 90spm. Yabon !
J'entre dans le parc pour la dernière fois avant l'arrivée, Karine, la femme de Fred m'encourage et je lui demande des nouvelles du Duc d'Angoulème, le Duche : "pas top", mince ;-(. Le speaker annonce au loin Seb Moreau et Houzelle : je vais avoir chaud aux fesses.
Dernier tour, je sais déjà que ma course est réussie, j'ai bien nagé, sauvé les meubles en vélo, et j'aurai pris plaisir au moins 2/3 de la càp en étant acteur de ma course et en maîtrisant la distance à défaut d'être agressif pour le classement. Je continue à alterner les km en 4'15 sur le plat avec ceux en 4'30 avec les bosses. J'attends avec un peu d'espoir le dernier demi-tour pour voir si Houzelle est loin ou pas. 1/2 tour, je mets mon chouchou, regarde au loin : pas de Houzelle, incroyable ! Je commence à compter mes foulées pour connaître le temps qui nous sépare : 1, 2, 3 ..."allez Nick" me lance Houzelle qui me double et qui était donc dans mon dos au 1/2 tour. J'en ai presque honte d'avoir, un instant, eu la prétention de lui résister plus longtemps mais je me dis que ça m'a aidé à rester mobilisé et puis je suis désormais 6 et si je veux me faciliter la tâche pour un jeu de mots avec 6reuil, il faut maintenant la conserver. Avec tous les concurrents dans leur deuxième ou premier tour, et ne connaissant pas le physique de mes poursuivants, je n'ai pas le choix et me concentre sur les km qui restent.
Je finis en me retournant de temps en temps. Quelqu'un semble revenir très fort à 2km de l'arrivée. J'essaie de pousser plus sur les mollets : crampes au mollet, j'essaie d'être plus actif au sol : crampes aux ischios, j'essaie d'être plus tonique à la réception : crampes aux quadris, j'essaie de trouver une autre solution : crampes au cerveau... inévitable ;-)
Finalement le gars me dépose mais j'ai l'espoir vu son short et sa pose pointe de pied que ce soit un relayeur.
Je finis donc au train 1h24'51 pour 19,5km réels (140m de dénivelé) et passe la ligne 6è, très satisfait.
Rien d'extraordinaire, mais un peu de confiance, pas mal de plaisir et bcp d'espoir pour la suite retrouvés : je n'en attendais pas tant... et même si ma place est anecdotique, à la lecture de la start-list, je me disais la veille que le top10 ne serait déjà pas si mal.
Sitôt la ligne franchie, j'ai le plaisir de découvrir que Jérémie a gagné et je suis super heureux pour lui car il a été très, très costaud tactiquement et mentalement. Discussions très sympas à l'arrivée avec Pierre Gaspariau, Trévor Delsaut et Raph'.
Vraiment une belle épreuve... il ne manque qu'un meilleur revêtement à vélo et ce serait le pied total ;-)
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