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21/07/2010

Crazy Welling' étonne

posté à 13h51

Faute d'une actualité sportive personnelle passionnante, si tant est que ce fusse jamais le cas, je voulais revenir sur le triathlon de Roth qui eut lieu dimanche dernier.

 

D'abord pour applaudir le magnifique tir groupé des français : Cyril Viennot impressionnant rookie, Christophe Bastie pour un 22è Top10 d'un IM/Challenge, Sylvain Rota solide également et DFF qui s'est accroché après un vélo... DFFien (4h20 !!!). Mais également se réjouir de la pose des "radars fixes" (contrôle anti-dopage avant l'épreuve pour les pros) même si ce n'est évidemment pas l'arme absolue.

 

Ensuite pour fortement regretter la dérive prise par de nombreuses sociétés d'évènementiel dans leur course au parcours le plus rapide. A ce jeu, tous les raccourcis sont bons et notamment celui de la distance des parcours. Déjà que notre sport perd en lisibilité avec des formats nouveaux toutes les semaines, déjà qu'il n'est pas toujours évident pour les médias sportifs de faire le distinguo de la valeur d'un titre LD ITU vs la victoire à Hawaii made in WTC, mais alors, la crédibilité devient carrément nulle avec des parcours sans cesse raccourcis (le nouveau en càp de Roth rabotant encore quelques centaines de mètres).

C'est d'autant plus dommage lorsque l'on communique dessus avec "la meilleure perf ceci, le meilleur chrono cela, le record du monde etc...". Car avec 176km à vélo et un petit 41 à pied, on est tout de même à 10' de gagnées pour les plus rapides.

Que les parcours à pied décomptent les trajets de transition (façon MonTriMan) pour ne pas pénaliser les courses avec de longs parcs (Nice) ou éloignés de la sortie d'eau (Lanzarote) pourraient se concevoir et se comprendre mais pour le reste : le marathon de New York fait-il 41,5km parce qu'il est plus vallonnée que celui de Londres ? Réduit-on la distance de celui de Chicago parce qu'il y fait généralement plus chaud qu'à Berlin ?

 

Ces pratiques ne sont pas dignes d'un grand sport mais plutôt de pratiques strictement commerciales et à mon sens, malhonnêtes et irrespectueuses (de l'éthique, de l'histoire du sport concerné, des performances des anciens champions,....) et je crains qu'à terme, les cas Roth ne soient plus qu'8 (petit tour d'horizon en 2009 ici) et donc indigestes.

 

Et pour finir, impossible ne pas évoquer Chrissie Wellington qui finit 7è au scratch en 8h19 (donc 8h30 environ avec la distance totale). Sa place au scratch (devant de nombreux pros masculins) comme son chrono suscite fatalement de nombreuses réactions dont certaines bien suspicieuses. Elles me rappellent fortement celles qu'on entendait, à tous les niveaux, sur Laure  Manaudou à l'époque de ses records et médailles en pagaille : qui soutiendrait encore aujourd'hui qu'elle n'était pas clean, alors que ses chronos sont largement atteints avec ou sans combi par de nombreuses nageuses, et que la suite de sa carrière a montré les limites d'une telle approche ?

Le parallèle avec Manaudou est d'autant plus criant qu'il correspond à l'association de talent + manifestement une grosse entraînabilité + prise de risque + mental de gagneuse (profil des entraînés par les Sutton dont CW fut l'élève au début / Lucas and co). Ce type de gestion de carrière est généralement voué à un horizon glorieux mais restreint dans le temps, wait and see.

En outre, si CW explose les anciens standards de la performance féminins sur IM, il ne faut pas oublier que l'IM était tout de même peu couru par les meilleures athlètes ou alors en fin de carrière (comme les distances du 400 au 1500m en natation chez les féminines) donc qu'elle batte les records datant d'une époque Janet Evans / Paula Newby-Fraser devait arriver tôt ou tard, le matériel et les connaissances en entraînement ayant, de plus, considérablement augmenté dans l'intervalle.

 

Par ailleurs, si l'on compare sa perf à celle de Rasmus Henning, l'un des top mondiaux (5è à Hawaii pour sa première à Kona et vainqueur en 7h52 à Roth le même jour) discipline par discipline, l'on constate qu'elle se situe au niveau des ratios H/F entre les records du monde des disciplines prises individuellement.

Et ce, sans même prendre en considération que le fait que les disciplines soient enchaînées (et même plus longues car on ne dispose pas de record du monde sur 4km nata ni 180km clm) favorise les femmes dont la physiologie (notamment au niveau de l'utilisation des substrats) et la typologie de fibres musculaires semble plus adaptées à rivaliser plus la durée d'effort s'allonge.

Elle a, en effet, nagé 7,5% plus lentement que Henning alors que le record du monde féminin du 1500m en grand bassin est 7,8% plus lent que celui de Grant Hackett.

A vélo, impossible de comparer un record de l'heure (UCI ou IHPVA et ce d'autant que le niveau mondial féminin sur CLM est unanimement reconnu comme très faible) avec l'exigence d'un CLM de 180km mais elle fut plus lente de 5% par rapport à Henning alors que l'on navigue autour de 7% sur les comparos des records de l'heure.

A pied, si l'on compare au record de Gebre vs Radcliffe (9,2%) elle a été nettement plus proche avec un temps au marathon 5,7% plus lent que celui de Henning mais l'allure d'un marathon IM et le temps d'effort à partir duquel il intervient se rapproche beaucoup plus du 100km que du marathon et logiquement, son ratio équivaut à celui des 6h13 de Sunada vs les 6h33 de Abe (5,3% plus lent) ; ce qui confirme, au passage, que plus la distance s'allonge, plus les performances féminines sont proches.

 

Voilà, l'objectif n'est pas de la défendre particulièrement mais plus de manière générale, le principe de présomption d'innocence, avec le plus de données et le moins naïvement possible. Je ne suis pas un fan particulier de la Britannique ni ne prétend savoir à travers un sourire qui est clean ou une bouche fermée qui est dopé... je voulais juste évoquer quelques éléments que je n'ai pas forcément lus dans toutes les "analyses" et émettre le souhait de plus de réserves et de respect... mais aussi que les athlètes concernés jouent le jeu en s'engageant dans des démarches de type AFT. Le sport ne peut qu'en sortir grandi.

 

 

Pour ma part (ça fait genre "on joue dans la même cour que ceux évoqués avant" : j'adore ! JB, c'est pour toi ;-)), privé de vélo pendant 3 semaines de semi-vacances après Dijon, j'arpente désormais la Cerdagne pour tenter, une troisième et j'espère dernière fois, de passer un Running Brick de 300km en 30 jours... tout un programme !

 

 

 

 

 

 

 


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