Objectifs

retourCompte rendu de course
2009-12-05Ironman de Busselton (Western Australia)**47

Après une très bonne semaine d’acclimatation et de récupération du décalage horaire dans des conditions printanières (20-26°C), la veille de la course (35°C) annonce la couleur et la chaleur du lendemain.


Départ à 6h15, 4 catégories de bonnet pour répartir les niveaux (-1h / -1h10 / -1h20 / 1h20 et +), je suis en première ligne et chacun a suffisamment de place pour ne pas se gêner. Les conditions sont parfaites, pas encore trop de vent, l’eau a bien chauffé grâce au soleil de la veille et présente une clarté impressionnante. Plus qu’une minute avant le départ, l’hélicoptère parti filmer les pros qui doivent être au 1200m maintenant revient filmer le mass-start. Je viens de souhaiter bon courage à Lars, mon ami danois avec qui j’ai passé la semaine et qui fait son retour sur Ironman après 15 ans d’arrêt, et sens qu’on me gratouille la cheville au niveau de la puce. Une coutume danoise ? Je baisse les yeux … mais ? mais ? c’est un crocodile !!!! Bon de 15cm certes mais ça ressemble à un crocodile !!! (Vérification faite ultérieurement, il semblerait que ce fut plutôt un scinque à langue bleue même si théoriquement pas aquatique). Bref, un truc avec des petites pattes, une grande gueule et des dents au bout vient de vérifier si ma puce est bien fixée et là, je dis « bravo l’organisation, c’est très pro ».
Boum c’est parti ! Ma grande hantise est la tendinite à l’épaule droite que je traîne depuis 8 semaines et qui s’est un peu aggravée les 3 dernières et je démarre donc relativement prudemment. Au bout de 50m, la douleur apparaît mais n’évoluera pas et ne sera pas handicapante : très bonne nouvelle. Au bout de 200m, nous sommes 5-6 de front en seconde ligne alors qu’un petit groupe s’est déjà détaché. La natation se passe normalement jusqu’au virage fait par la jetée et où le groupe semble s’orienter vers la gauche de la bouée contrairement à ce qui était annoncé au briefing ; je suis le groupe en restant attentif. A priori c’est bien ça. Cela nous fait nous écarter par rapport au parcours prévu et avec le vent levé et l’éloignement de la jetée et du bord, les vagues se forment. Ici, ils disent que l’océan devient « choppy » . Choppy, je veux bien mais pas quand on fait des courses ;-). Au passage de la bouée suivante, un regroupement s’effectue et je suis 2 ou 3è d’un groupe de 10 unités. Le leader, un singapouriote ? Singapouri ? Singapourien ? Bref, un triathlète de Singapour (2è plus grosse délégation de la course) est en tête et doit certainement s’appeler Ha Ku car il nage pour le moins irrégulièrement. Au demi-tour, ce n’est plus « choppy » mais carrément Auchan avec une bonne petite houle, je change de technique de nage mais on ne peut pas dire que ça ait supermarché. Enfin, le retour et l’on voit au loin, The Goose, le café du bord de la plage. On ne peut pas dire que je finisse comme un Top Gun pour autant mais ça avance plutôt bien. A 1000m de la fin, le groupe continue à suivre le long de la jetée et je décide de prendre direct vers la dernière bouée qui nous écarte pour le dernier petit tronçon, on est moins abrité mais l’eau est devenue beaucoup plus calme donc peu d’impact. C’est le pied, je nage tout seul, j’ai pu prendre le départ de cette course avec le sourire et un ventre plein (merci Marco), je suis ravi et pense à bien en profiter. L’eau est claire et longtemps avant de pouvoir la toucher, on pense pouvoir le faire.
Dernier virage à 90° et ce sont les 100 derniers mètres.
Je me redresse et regarde au loin l’arche SWIM Finish : 1h08 (donc 53’ car il y a 15’ de décalage avec les pros) : nickel !


Transition normale (on récupère son sac au sol dans une rangée, changement sous la tente avec l’aide d’un bénévole, qui vous supplie d’accepter qu’il vous mette de la crème solaire : mais avec plaisir !). Pour info, le risque d'attraper un mélanome à exposition équivalente est 50 fois supérieure en Australie qu'en Europe centrale.


Départ vélo : je mets un peu de temps à pouvoir enfiler les Lake puis c’est parti ; le parcours est assez simple, 5km plat en ville puis 8km globalement vent de face et faux plat montant pour rejoindre la forêt, ensuite dans la forêt un aller-retour de 20km sur revêtement très granuleux montant à l’aller puis un autre aller-retour en face de 14km sur bon revêtement montant au retour, puis l’inverse des 13 premiers pour les 13 derniers km (donc très rapides) ou presque avec quelques rond-points en ville pour aller chercher la distance. Au final, 180,2km (a priori rallongé par rapport aux années passées) et un peu plus de 200m de dénivelée cumulée sans jamais dépasser 2% de pente : en résumé, c’est 179km sur le prolongateur. Parcours très rapide hormis les 9 demi-tours à l’arrêt quasi-complet.


Le premier tour se passe très bien, je remonte bien et peut juger des écarts grâce aux A/R. Je me cale par rapport à Gina Ferguson-Crawford (sub9 l'an passé) à qui je dois reprendre les 15’ de décalage au départ pour être dans mes temps prévus. Km 12, ma trifonction que j’avais laissée ouverte durant la nata, flotte un peu dans le vent donc j’essaie de la refermer mais dès que je lâche les 2 mains, le vélo est difficilement conduisible avec le vent latéral. J’y arrive tant bien que mal en 3-4’ par petites étapes. Zou, aero fever, aero for ever. Les jambes tournent bien (l’IF est autour de 0,8 donc dans la limite haute mais raisonnable).
Au demi-tour du km22, je peux enfin voir comment ça se passe derrière et je pousse un ouf de soulagement, y a quelques paquets vers les temps nata 1h – 1h05 mais tout le monde semble vraiment à distance. Ca fait super plaisir. On est bien en décembre et le mois de novembre avec ces fêtes au drafting (Clearwater, IM Florida et IM Arizona) semble bien loin (ce qui prouve qu’avec une volonté arbitrale et organisationnelle -même si je ne me fais pas d’illusion sur la raison du nombre limité de partants - associée à un esprit sain chez 95% des concurrents, on peut avoir une course clean sur parcours plat.)
Km 35, je croise Jimmy Johnsen qui envoie fort, seul en tête ; derrière se trouve un groupe dans lequel Vernay se situe et les distances sont manifestement respectées.
Juste derrière Vabrousek et consorts : par contre là, pas de moto et comme d’habitude Vabrousek se repose comme il faut. Un peu plus loin je recroise Ferguson à qui j’ai repris 2’ en 20km environ. Km 44, le U Turn sur Bussel Hwy, je pense être désormais dans les 10 premiers groupe d’âge au général. Fin du tour, c’est la partie la plus rapide, la moyenne remonte au-dessus des 39km/h. Je vois au loin un petit groupe de trois. Fin du premier tour en moins d’1h32.

Je vois, de plus en plus près, les 3 en question et le 3è fait le drapeau comme à la parade. Je mets 10km à les rattraper et au moment de les passer notamment le dossard 1300 un singaporien (je me suis renseigné depuis ;-)) qui (en tout cas depuis 10km) est le Gros Suceur, Grugeur Superbe et Gangrène Sportive du jour, je leur manifeste par un signe de tête que c’est pas du joli, joli !!! Je me retiens d’en dire plus, chacun son rôle et un arbitre arrivera bien tôt ou tard. Je jette un coup d’œil quand même et la gentille troupe s’est décalée pour prendre l’aspi. Là, je leur fais le geste de respecter les distances et le premier, encore un Singaporien, s’énerve et veux en découdre. Petite entorse au wattage linéaire et je me mets au seuil pendant 1 bonne minute. L’écart se fait ainsi… c’est dommage.
Je dois désormais être entre 3 et 5è de la course GA. Au km 80, je rattrape le dossard 421 à qui j’ose demander s’il est (ou en passe d’avoir été) leader GA, il me répond par la négative "il y en a 2 devant", je le remercie de sa sportivité et des infos et prends doucement de l’avance. Au U-Turn, 3km plus loin, il n’est pas loin derrière et il me crie que je suis premier de mon GA (il a regardé le marquage au mollet – C pour ma catégorie-) et doit avoir un coach sur le bord pour les écarts. Super sympa, ça me booste bien et je continue mon chemin. Lui s’est calé à 20-30m derrière et je continue d’occuper les longues lignes droites en cherchant Lars dans les files croisées mais je ne le vois pas. Je croise par contre un relayeur de l’équipe 61 qui est posé comme un dieu sur son vélo et semble rouler très, très fort (il fera 4h28 au final).

Km 95, je croise le groupe Vernay qui ne m’a pas pris beaucoup de temps et le groupe Vabrousek toujours aussi collés les uns aux autres mais il me semble leur avoir repris quelques mètres. Super pour la motivation. Km 100, je commence à crampouiller quelque peu du couturier comme toujours sur les longues portions aéros sans récup (petite pensée pour les poncifs : parcours plat = facile) et ce, malgré mon repérage du mardi pour reconnaître les parties où s’étirer un peu sans casser la vitesse. Je pense aux conseils d’offensivité qui m’ont été donnés par Guigui. Km 105, le 421 me repasse et m’encourage (c’est le scenario bis repetita de Lanzarote avec Max Renko), c’est hyper agréable surtout sur une course où, venu en solitaire, personne ne t’encourage personnellement. Je le laisse prendre 50m puis essaie de maintenir l’écart. Fin du deuxième tour en moins d’1h34.


Tout va bien, j’ai récupéré mon spécial need bag sans perdre une seule seconde (à noter que les bénévoles sur les zones de ravitaillements sont géniaux car on arrive toujours entre 30 et 45km/h sur la zone et dès qu’on les pointe du doigt, ils courent très intelligemment tout droit, dos tourné, en tendant le bidon et en le lâchant pile comme il faut : un vrai bonheur surtout qu’attraper les bidons main gauche n’est pas habituel pour les européens). Et je suis sur les bases de 4h39 en faisant un troisième tour comme le deuxième. Le 421 que je pense être allemand à ce moment, est toujours une 60aine de mètres devant mais la chaleur commence à bien arriver et à nous dessécher, je m’arrose copieusement et bois désormais plus d’1l/h. Au ravito du km 130, en évitant un concurrent à qui je prends un tour et qui zigzague, je heurte quelquechose sur la route. Pour la 20è fois de la journée, je passe la main sur mes boyaux mais rien. Oufff…
Au km 140, le 421 coince un peu et s’étire pris de quelques crampes. Je le rattrape et l’encourage. A ce moment on croise Gina Ferguson-Crawford sur qui j’ai un peu plus de 3’ de retard (enfin 12’ d’avance) à 40km de l’arrivée. Pile dans le timing. Le vent s’est aussi levé et la « redescente » de Tuart Dr. commence à faire mal. Petit stress car avec le revêtement granuleux, une pièce vibre sur mon cadre depuis le début de Tuart Drive et finit par tomber (j’essaie de trouver laquelle ce peut être mais en vain – il s’agissait en fait de l’extracteur de manivelle donc rien de grave).
Je lève un peu le pied au niveau wattage (IF à 0,7) pour poser le vélo frais. Au km 160, le 421 repasse devant et prend vite 100-200, 300m mais à la faveur de la partie roulante finale, je fonds sur lui. Il a du décaler sa période de récup et doit vouloir temporiser les 10 derniers alors que j’ai préféré le faire un peu plus tôt. La moyenne est à ce moment de 38,4 et le final fait remonter la moyenne donc je suis super optimiste pour passer sous les 4h40 (ça devrait se jouer à la seconde). Alors que je suis revenu à 50m du 421 au km 170, boum, explosion du boyau avant !!! Oh nonnn ! Je teste sur 500m mais c’est trop dangereux et le boyau est complètement à plat. Le souvenir de Commanaman à Sizun m’incite à la prudence et je m’arrête. J’essaie avec le Pit Stop mais le trou est trop gros (grosse coupure sur le flanc) et tout ressort de l’autre côté. Donc retrait de la roue avant, décollage du boyau, remontage de l’autre boyau après avoir un peu lutté pour intervertir les prolongateurs d’obus, gonflage avec la pompe à main mais je sens une très forte chaleur (pas la mienne bien que j’aie bien dû prendre 10 degrés d’un coup sur l’affaire) sur la valve donc craint de l’exploser. Tant pis, je roulerai comme ça, je repars (après 4’31 d’arrêt sans m’être énervé, pas même sur la dizaine de mouches qui te butinent l’œil façon vache africaine) mais c’est très, très peu gonflé (1,3 bar en fait) ! Du coup, les 9 derniers km sont effectués au ralenti surtout sur les 7 derniers gros virages ou rond-points. Bon c’est ainsi. Je positive et me dis qu’avant tout, j’étais venu pour finir et ne pas passer un hiver sur la frustration d’Hawaii donc si je ne chute pas avant la fin à vélo, ce sera tout bon. Je me suis bien alimenté, j’ai le dos souple comme celui d’Héloïse (merci Raph), je vais donc pouvoir finir cette course et je pense à tous ceux qui ont rendu possible cette fin de saison sur une note qui sera de toute façon plus positive – merci Fred, Nico, Eric, Sylvain, Olivier, Hervé merci mes coéquipiers nanterriens, merci Copste, merci David, merci Jérôme, Antoine...

Fin du parcours vélo, le bénévole récupère ce dernier et je cours vers mon sac d’affaires pédestres. Transition correcte, crème solaire et c’est parti. Je vois 6h sur l’écran donc en soustrayant l’écart de 15’ je suis en 5h45. Un nouveau record chronométrique personnel auquel j’ai, un temps, eu la faiblesse de penser est donc définitivement à oublier mais un Sub9 reste possible. Léger faux plat descendant au début, je pars un peu vite 4’08/km (sans doute la fraîcheur induite par les derniers km vélo sans véritablement appuyer sur les pédales) puis ralentis car dès le premier km, je sens une chaleur comme jamais ou plutôt une sécheresse que je n’ai jamais rencontrée.


500m après le ravito je suis déjà totalement sec et ne rêve que du suivant. Oh purée, ce n’est pas bon signe du tout ! Mais surtout, surtout, surtout, il n’y a pas d’éponges sur le parcours et je ne peux me rafraîchir comme j’en ai l’habitude !!! Là, ça craint sévère. Dès le km3, c’est très dur ! Je ralentis pour faire baisser la température mais rien n’y fait, j’étouffe ! Je commence à déjà ressentir le besoin de marcher ! J'ai mal à la poitrine et je n'arrive pas à ventiler correctement. Oh que ça va être long, cette course. J’ai doublé plusieurs concurrents dans les 2 premiers km mais je n’ai aucune idée de ma place n’ayant pas regardé ce qui se passait pendant ma réparation vélo. Km 6 enfin le premier demi-tour et l’on repart à l’envers. Km10, Guy, mon hôte, m’informe que je suis 4è de mon GA. Ca me remotive bien que je sois déjà en grosse lutte pour ne pas marcher. Je continue de doubler du monde alors que je suis déjà à moins de 5’/km. Tout le monde a l’air de bien dérouiller !!! Je croise Tim Berkel le vainqueur de l’année passée qui marche déjà. Km12 on repasse devant le parc pour une petite boucle de 2km. C’est reparti mais je sens que tout se dérobe sous mes pieds, je continue de faiblir, j’ai la tête qui tourne et l’horloge aussi. Je décide de marcher aux ravitos mais ça n’arrange rien, j’ai deux poteaux à la place des cuisses (je suis très surpris et ça m’inquiète pas mal). Km18, je repasse devant Guy et il me dit que je suis en fait 1er (j’étais 4è à la sortie du parc mais je les ai doublés dans le premier tour) dans mon groupe d’âge. C’est bien la première fois que je suis déçu d’entendre que je suis premier. Je m’accroche sans jamais me retourner mais en commençant à souhaiter – un comble - d’être vite dépassé par des gars de mon GA pour m’accorder du répit. Je veux juste souffler enfin un peu. Je pense à énormément de choses, d’amis, de phrases pour tenir (merci Olivier notamment) et ça fonctionne pendant plus d’1h, je me donne des objectifs à court terme puis finis par me dire que je ne lâcherai pas l’affaire tant que je ne serai pas 6è de mon GA. Je me fais doubler mais soit ils n’ont rien sur leurs mollets, les petits coquins, soit ils ne sont pas dans ma caté. Km20, c’est de plus en plus dur, je souffre comme jamais, j’ai le diaphragme qui me déchire l’intérieur, j’ai mis des glaçons façon Gillou et ça me fait un bien fou … pendant 20 secondes, le temps qu’ils fondent totalement au soleil. Le terme « struggle » en anglais me paraît tellement approprié tant phonétiquement il décrit ce que je ressens. Je struggle ainsi pendant encore 10km mais je suis épuisé, je n’ai plus la force de me battre et je réalise aussi (peut-être est-ce une échappatoire pour faciliter les choses ?) que je n’ai, à bien y réfléchir, pas envie d’aller à Hawaii car l’année 2010 s’orientant sur le même format que 2009, j’y serais dans de mauvaises conditions et m’exposerais à une nouvelle déconvenue. Ce constat fait, quasi aussitôt, je marche pour la première fois hors ravito sur un Ironman, je suis dégoûté : je subis, je subis les conditions, je subis la distance, je subis mes erreurs, je subis la fatigue d’une année éprouvante… Je marche donc au km30 et pendant 50’, je vais marcher en essayant de marcher le plus vite possible (jusqu’à plus de 8km/h en me déhanchant un peu comme les marcheurs) mais la sécheresse est là et c’est dur car marcher vite fait finalement bien monter le palpitant... le palpitant c'est exactement ce qu’il manque à ma fin de course qui n’a plus rien de passionnant. Je ne me raccroche plus qu’à l’idée de finir en Sub10. Au km 36, le 421 me rattrape, je mets 10 secondes à percuter de qui il s’agit et il me propose de finir ensemble. Il est vraiment top ce mec… ! Je le serre dans mes bras tellement ça me fait plaisir de voir quelqu’un de « familier » et si amical. Nous discutons 10’, c’est en fait un australien et il me fait part de sa déception sur sa course et me dit qu’il n’a jamais vu de telles conditions et qu’il est déshydraté suite à des nausées. Je croise Lars qui est dans le même état, le pauvre. Il abandonnera à la fin du premier tour et son compagnon de chambrée finira aux urgences avec une journée dans le coma suite à une sévère déshydratation.
Nous courons ainsi à 10-10,5Km/h pendant 2km puis au moment où je lui suggère de ralentir car ça me fait trop mal, il s’arrête vomir une énième fois et je l’attends. Il m’enjoint de continuer et me dit qu’il me rattrapera. Je repars donc seul au km38 et décide d’en finir au plus vite de ce calvaire. Sur le mode « une douleur musculaire n’est pas une douleur », je finis en accélérant progressivement de 10 à 13km/h et débouche enfin sur la ligne droite finale. Les sentiments se mêlent, je fais juste un petit geste pour ceux qui m’ont soutenu mais la tristesse prédomine. 9h32.

J’attends quelques minutes qu’arrive le 421 pour le remercier de tout et je retrouve Lars qui sort de la tente médicale. Je découvre les classements : 6è de mon GA, 47è au scratch et constate que la course a été dure pour tout le monde. Ferguson met 17’ de plus que l’an passé, Vernay 7’ malgré une course énorme, dans mon GA ça a couru 20 à 30’ plus lent que d’habitude, 50% des pros ont abandonné, Vabrousek a couru 25' plus lent que d'habitude alors qu'il a drafté comme un cochon... bref, je me cherche des excuses pour me réconforter, c'est pas du joli-joli de raisonner ainsi mais quand on est déçu on se raccroche parfois à des branches provenant d'arbres affreux. La qualif est à 10’ (grosso modo le temps induit par ma crevaison) : grand partisan de l’absence de hasard, je n’en suis pas frustré et sais, après me l’être longtemps caché, que c’est une bonne chose de ne pas être qualifié en 2010. Pour ma santé, pour mes études à finir, pour mes jobs. 2010 servira à mettre en place les conditions optimales de 2011.

Voilà, la saison est finie : enfin …
Place à l’analyse et aux persepectives.

Au lieu de finir sur une grosse frustration (Hawaii), le périple australien m’aura permis de finir sur une demi-déception, ce n’est déjà pas si mal, il faut positiver ;-)

Au-delà de tout ça, je me suis rendu compte durant ce long cogitage que fût le parcours pédestre que j’ai aimé l’Ironman pour les sensations de maîtrise (de la distance, de mon corps, de l’énergie…) et les bonheurs des objectifs atteints qu’il m’a procurés et que je commence à l’apprécier, à présent, pour exactement l’opposé à savoir les échecs et la difficulté que mes nouveaux challenges m’ont fait rencontrer. Ca doit venir de là, la polysémie du terme « déguster ».

Heureusement, je suis gourmand !