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retourCompte rendu de course
2014-08-24Ironman Copenhague***9

J’ai mis énormément de temps à rentrer dans la course dans la semaine d’avant pour plein de raisons personnelles, j’étais en mode 100% robot mais 30’ avant le départ, je suis enfin dedans et prêt mentalement.
Très bon échauffement.
Nous sommes une petite quarantaine au départ de la vague pro.
Départ bien géré et je tourne à la première bouée (±100m) 7 ou 8è. Je fais l’effort car un petit groupe se détache et je me mets vraiment au-dessus du seuil pendant 5-6’ mais sans parvenir à recoller, je vois les bulles mais je n’ai pas la « conversation », je suis à 2m pendant 300m mais au 450m, je dois me résigner à reprendre un rythme plus bas et vais donc nager 800m solo, intercalé. Un petit passage dos me fait voir qu’un gros groupe n’est pas loin donc je le laisse rentrer doucement. Une fois revenu sur moi, je m’y place en 2ème position. C’est assez confortable sauf que le leader n’a envie ni d’être suivi (ça peut se comprendre), ni d’être relayé, donc il zigzague, il rase les pylônes des ponts, il fait des 50m VAM puis 150m récup. Ca occupe bien le temps mais ce n’est pas optimal pour le chrono c’t’affaire surtout que ses trajectoires même hors zigzags sont très moyennes. RAS jusqu’au 3200m, où le soleil + l’absence de kayak + bouées petites amènent une belle erreur (visée de l’arche en direct) et donc environ 100m de rab même si je m’en suis rendu compte avant la majorité en voyant un kayak foncer vers sur le côté gauche pour nous rattraper).
Sortie d’eau, Fab et Glad sont déjà au taquet. Mes héros.

54’ pour 3800m (en nageant droit ;-()

C’est un peu le bronx dans les racks pour les sacs mais ça va. J’ai les pieds gelés (eau à 16°C) donc option chaussettes direct.
Mise en action directe, pieds sur les Lake CX402 et je vois que je suis avec Vabrousek donc nata normale pour moi (ni top, ni cata) en phase avec les options de training récentes. Ca part très fort en ville. Quelques portions bien sinueuses ou étroites donc vigilance max, je n’ai pas spécialement envie de comparer les services d’urgence de Copenhague avec ceux du Jackson Memorial Hospital de Miami. On sort enfin de la ville. Nous sommes 4 dont Petr et 2 gars sont 30 secondes devant. Tout le monde à distance très réglementaire, c’est cool. Ca roule vraiment fort et quand Petr me repasse au km10, j’ai un petit instant de doute (je roule habituellement un peu mieux que lui et là, je suis déjà sur des bases plus élevées que d’habitude donc je le laisse partir rejoindre les 2 devant convaincu qu’il va coincer... mais non). Je mène donc les 2 autres pendant environ 1h avec les 3 autres en visu devant. Le début est vent de dos, bord de mer et très plat donc malgré les circonvolutions en ville, la moyenne est correcte (quasi 41km/h). Puis nous tournons à gauche pour rentrer dans la partie champêtre, ondulée, sinueuse... et ventée, très ventée à ce moment de la journée (270W pour moins de 35km/h sur ce segment). Le #30 m’a relayé et fera un gros 45’ devant. Je repasse devant en fin de première boucle et lâche mes 2 acolytes, je rejoins Daniela Ryf qui s’accroche 15’ avant de lâcher. Coucou à mes champions Glad et Fab qui ont donc réussi à venir jusqu’au bas de notre boucle avec leurs enclumes de loc. Là, y a de la perf !!!
C’est parti pour une deuxième boucle, le vent a tourné donc un peu moins fort de dos à l’aller mais bcp moins fort ensuite dans la campagne. Mais le mal est fait et je sais depuis le km60 que le 4h30 est plié.
Sinon, rien de particulier à signaler, 0 coup de mou (une première pour moi), quelques uns de stress avec les derniers des vagues d’après qui sont dans leur premier passage et sur lesquels on arrive avec un gros delta de vitesse donc qqs virages chauds.
Je lève un peu le pied dans le dernier 15km pour bien assimiler les derniers ravitos et me self-booster.

4h36 pour 178km réels et 600 à 1100m de D+ (difficile à juger, aucune réelle côte, mais plein d’ondulations)

T2 un peu lente avec un sac que j’avais noué la veille pour que la pluie ne mouille pas les chaussures mais rien de méchant.
Je pars sur un bon rythme ±4’/km sans forcer, tutto va bene. Km2 juste avant le premier ravito, pas de flèche, je vois un ravito je m’y dirige mais pas du bon côté, je change de côté pour me remettre du bon et 100m plus loin, l’arbitre m’arrête : carton jaune !!!
-« Euh mais j’ai rien gagné voire perdu du temps, M’sieur »
-« Tu fais demi-tour jusqu’à ton erreur pour reprendre le bon parcours sinon c’est DSQ »
-« Ah ouais quand même ? »
Donc ça ne fait jamais plaisir mais la foule déjà bien présente (200 000 spectateurs annoncés) se marre bien et m’encourage. Bon, ça n’économise pas les jambes ni ne redonne du temps mais c’est déjà ça.
RAS pendant 10km sauf que les pavés nombreux me défoncent déjà bien la hanche et les mollets. Ah si, j’urine à chaque ravito de manière très importante et je glisse à la poussée quand les routes sont trempées (alternance averses, éclaircies) sinon tout va bien...
Semi avec une moyenne à 4’07/km incluant mon A/R, je reprends le #30 qui était sorti de T2 devant moi après m’avoir doublé en fin de vélo quand je temporisais.
Il s’appelle Teemu mais moi je commence à être dans le dur.
Nous courons à 3 avec un GA qui a un tour de retard. Le rythme est parfait, je suis à l’aise mais tjrs ces problèmes de déshydratation sévère à chaque ravito et je percute enfin de l’origine, le coca comme l’iso sont ultradilués (bravo gars, 1h30 pour t’en rendre compte). Donc j’essaie d’augmenter les gels en compensation mais le mal est fait, je suis déshdyraté et en hypo. Ca devient progressivement très, très dur. Je me raccroche à tout ce que je peux mentalement mais je puise comme jamais. Je suis aussi venu pour cela (j’étais extrêmement bien préparé mentalement et peut-être même avais-je besoin de me faire mal) ... mais on peut dire que je suis servi au-delà de mes espérances.
Je compte de km en km désormais, je ne calcule plus grand chose, de toute façon je n’en ai plus les facultés. Je suis encore au-dessus de 14km/h de moyenne mais les 3h sont déjà envolées de puis longtemps. Km 34, là, je rentre vraiment dans le mur, je suis à fond et à peine sous les 5’/km. Techniquement je tente tout ce que je peux, je dois être à 115bpm mais je suis à bloc, cette sensation d’une Renault Espace Génération I phase II avec le turbo cassé en 3è dans la côte du Monumental... Affreux.
Je pense à Valentine, Camille, Lou, Enzo notamment, je m’interdis de marcher mais je vois trouble. Je pense à mes 2 athlètes en course (Guillaume que j’ai croisé quasi au même endroit les 2 fois et Mat qui n’était pas top en sortant de T2 mais à qui je n’ai pas pris de tour donc qui a dû se relancer).
Km 36, je viens de passer sous les 14km/h mais je me demande juste si je ne vais pas être DNF tellement je suis mal. J’ai des aiguilles dans les mollets, rien dans le bide, rien dans le crâne, il m’en reste juste dans les tripes et bcp dans le coeur pour continuer à avancer. Km39, je marche qqs mètres mais je boîte tellement que je ne peux pas marcher vite donc je recours ... à bloc ... à 5’23/km. Je sens l’évanouissement poindre et me tape un poteau qui me réveille. C’est interminable mais il faut terminer...

Cahin, caha, elle arrive enfin cette foutue finish line, je suis tellement épuisé que je garde mes dernières lucidités pour repérer Glad et Fab. Je n’ai pas la force de faire un petit truc pour la ligne d’arrivée, comme j’aime le faire habituellement.

3h05 pour 42km réels (un peu plus pour moi :-()

La course est donc loin d’être parfaite mais, et c’est rarissime, je suis fier de moi. Certes, j’aurais pu percuter plus vite pour le coca, j’aurais pu mémoriser le parcours à pied (pas repérable car pas tracé avant) et ne pas me prendre cette pénalité, j’aurais pu aller voir la quantité de pavés, etc... mais j’ai fait absolument tout ce que je pouvais avec ce que j’avais dans le sac ce matin-là. Je n’aurais pas pu aller plus vite. Tout comme Guillaume et Mat qui se sont donnés à fond (record explosé de 25’ et sub 10 pour Mat et record égalé pour Gui) et se sont offerts une super finish line ensemble.

Une belle journée de sport & de vie en condensé, donc d’amitiés, de souffrances, de passion, de délivrance, d’amour...