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retourCompte rendu de course
2015-08-15Ironman Kalmar (SWE) **7

Départ dans le port abrité de Kalmar sous un très beau temps mais un fort vent.
Après les présentations du panel pro depuis le ponton, quelques longueurs pour rejoindre la ligne de départ. Quelques discours de gars très heureux d’être là, un hymne suédois repris par pleins de gens heureux de le comprendre, et c’est parti à 6h55 pour 3800m. En théorie car dès la sortie du port, ce sont des creux de 50cm à chaque coup de bras, parfois plus et donc un repérage très compliqué. Je passe à la première bouée (700m) en 2è position du groupe 2 mais nous nageons plutôt côte à côte, tellement c’est impossible de voir et suivre quoi que ce soit. Longue ligne droite de 1000m environ où j’arrive à trouver un rythme pour ne pas vider la Baltique, je prends le lead du groupe à 200m de la bouée et essayer d’appuyer un peu, je passe la bouée avec un grand gaillard à mes côtés. 100m de côté direction les terres puis normalement 90° à nouveau pour faire théoriquement 700m en parallèle du 1000m précédent. Après avoir pris à gauche aux 3 bouées jaunes, nous devons trouver une bouée rouge pour tourner à droite. Sauf que ça devient de la natation d’orientation, malgré des phases de 10 coup de bras en polo et des lunettes neuves, des moments d’arrêt en brasse, je ne vois absolument pas de bouée rouge au loin. Il y a des copains dans tous les sens qui tirent des azimuts alambiqués. Tant et si bien que 400m plus loin, nous échouons sur une île !!! J’ai un doute si je ne me suis pas inscrit par erreur à Ö till Ö mais non, un jet ski paniqué arrive 10’’ plus tard et nous fais signe que nous devons aller bcp plus à gauche. C’est reparti ... mais lui aussi et comme la bouée est invisible, nous redérivons à droite et il revient nous chercher et enfin escorter jusqu’à cette bouée des 2500m environ. Impossible de savoir à ce moment là, combien de temps nous avons perdu mais quand 3 GA nous rattrape (partis au minimum 5’ derrière) c’est sûr que l‘on a bien bien rallongé car je pense nager valeur petit53’ sur plan d’eau plat, sur les ressentis et chronos des dernières séances eau libre.
Une fois cette satanée bouée rouge passée, le parcours est tortueux mais très plaisant au milieu d’une foule impressionnante massée sur les bords et sur les ponts.
Le plan d’eau enfin plat, je tente une dernière fois de m’extirper et parviens à lâcher mes compagnons d’infortune. Je sors de l’eau 5è Pro ... en 59’, tout est dit. Dans le groupe 1, ils ont lâché 2’30 vs 2014 malgré l’avantage de la mémoire du parcours et du kayak ouvreur, cela situe les conditions de nage et permet de quantifier l’erreur d’orientation à un bon 4’ d’extra time.

59’33 pour un parcours à 3800m (±4100 pour mon groupe)


Malgré ces déboires, la place au général 5è sur 16 (NB : le plateau pro est dans la moyenne basse sur cet IM tant en qualité qu’en quantité, hormis le jeune prodige Nilsson au-dessus du lot) donne une motivation pour tenter qqc sur cet IM où je n’attends rien mais en fait espère bcp (qu’est-ce qu’on peut rester naïf à 37 ans). Les 10 premiers km permettent de rejoindre Öland via un très long pont où le vent est plein face. 300W => 25km/h à plat pour avoir un petit ordre d’idée. Sur ce pont, je double les quelques GA sortis devant. Puis c’est parti pour 100km sur l’ile en forme de rectangle, les longueurs (40km environ) vent pile de côté, les largeurs (10km environ) vent plein face ou plein dos.
Vers le km30 je me fais enfumer par Dougal Allan et Andréas Linden (ancien cycliste pro) que je ne peux tenir à distance donc je reprends mon rythme. J’avais prévu d’être audacieux si le contexte s’y prêtait mais là, c’eut été du suicide. Donc, je ne le sais pas encore mais il me reste 150km tout seul ... ce sera long, ce sera douloureux (surtout pour le dos avec le maintien de la stabilité avec le vent latéral), ce sera très long et ce sera très douloureux (surtout pour le mental de lutter si longtemps contre l’abandon).
Au km60, je me résous à abandonner et pense m'arrêter au 130ème mais finalement, petit coucou à Glad et Fab au km130 pour repartir faire une dernière boucle dans les petits villages au Nord de Kalmar qui me rappellent le parcours de Copenhague. Vu mon allure, ça permet au moins de visiter et de porter sa croix avec plus de facilité.

181,5km en 4h45

Je pose le vélo 6è (j’ai croisé au km140 un pro faisant demi-tour, visiblement encore plus rincé que moi) après avoir estimé à 5’30 mon avance sur 2 concurrents à ma poursuite. Mais je roule tellement lentement que je ne sais si je n’ai pas perdu 1 à 2’ sur le final.
A pied, direct les jambes sont très bonnes mais le bidon pas très bon. Km3 je dois m’arrêter aux WC ce qui me fait un bien fou. Km4 je passe devant Glad et Fab, au top comme d’hab, et pas loin de notre homestay. Km5, j’en ai plus que marre de lutter depuis 4h contre l’abandon, donc je marche et fais demi-tour pour rentrer me coucher et me cacher. Mais sans trop savoir pourquoi, je n’arrive pas à m’y résoudre non plus. Mon corps et ma tête discutent : "Ok on repart mais alors ce sera footing", sans me forcer à rien, juste je prends ce qui sort sans demander quoi que ce soit à mon corps. Et finalement ce n’est pas si mal surtout par rapport à mon poids actuel donc je prends mon mal en patience et revois même un des 2 qui m’avaient doublé pendant mes arrêts. Ca me sert de point de mire et la boucle au milieu des villas où tout le monde nous encourage de motivation. Fin de première boucle, je n’ai aucune douleur, je ne vais pas très vite mais j’ai un ratio coût / vitesse sympa. Je cours ±4’25/km (les ravitos sont très bien mais trop courts pour tout prendre à la volée donc je lâche qqs secondes à chaque fois pour boire assez) @ 20 de FR (donc ±125bpm). Vers le semi, je sais désormais que je finirai car un peu de plaisir est revenu et que je suis encore dans les primes. Première fois que je raisonne ainsi et ça me désole autant que ça me motive dans l’instant. Je reviens même sur Cédric Lassonde à 25’’ au km28 mais je ne sais mon écart sur le 8 et 9 donc je ne veux pas tout perdre à tenter de le rattraper si c’est pour coincer et me faire croquer par les 2 autres derrière. Donc je reste patient et finis au train avec même quelques km en 4’15 sur la fin.
Au final, un marathon avec la distance complète en 3h07 (3h09’30 avec pause WC et demi-tour) avec les 20 derniers en 1’29’04 (probablement mon meilleur « finish » même si j’eus évidemment préférer finir plus difficilement après avoir forcé plus longtemps en amont) mais donc tout n’était pas à jeter. Et je ne boude pas un soupçon de plaisir avec cette 7è place et malgré mes déboires avec un nouveau sub9 (et pour la première fois avec plus que la distance dans les 3 disciplines !!!). Finalement bcp d’enseignements à moindre coût puisque ce débranchage mental précoce aura eu le mérite de préserver mon jus mental et nerveux et la récup fut très rapide. Je suis prêt à repartir pour faire mieux sur les prochains.